Le débat sur la dégradation du niveau de français chez les jeunes est complexe et suscite des opinions divergentes. D’un côté, certains estiment que la langue française évolue naturellement et que cette évolution ne signifie pas nécessairement un appauvrissement. De l’autre, il y a ceux qui sonnent l’alarme en citant des statistiques qui montrent une détérioration notable des compétences linguistiques des jeunes.
Le langage : un outil pour le raisonnement et l’émotion
Au-delà des chiffres, le langage est un outil essentiel pour le raisonnement complexe, l’expression des émotions, et la construction de la pensée critique. La disparition progressive de certains temps de conjugaison comme le subjonctif et le passé simple, ou la simplification extrême de la grammaire et de la ponctuation, ne sont pas simplement des changements linguistiques anodins. Ces transformations ont le potentiel de limiter notre capacité à penser en termes de temporalité, à envisager l’avenir, ou même à exprimer des nuances subtiles.
L’histoire littéraire fournit de nombreux exemples de la manière dont les régimes autoritaires ont cherché à limiter la pensée critique en réduisant le langage. La richesse et la complexité du langage sont étroitement liées à la liberté de pensée. Une langue simplifiée à l’extrême est un terreau fertile pour l’appauvrissement intellectuel. D’où la nécessité de ne pas céder à l’envie de simplifier à outrance la langue sous prétexte de la rendre plus accessible.
Il y a aussi une dimension esthétique et culturelle. Lorsque des termes disparaissent, comme le mot « mademoiselle, » on ne perd pas seulement un mot, mais aussi une certaine nuance dans la manière dont on perçoit et décrit le monde autour de nous. Certains changements, peut-être justifiés au nom de l’égalité ou de la modernité, peuvent finir par éroder la richesse et la subtilité de la langue.
L’effondrement du niveau de français rendra le monde plus difficile à comprendre pour les jeunes générations
Ce n’est pas une question d’élitisme ou d’attachement nostalgique à des règles archaïques. Il s’agit d’une prise de conscience que la complexité du langage a une valeur en elle-même. Elle permet une plus grande précision dans l’expression de la pensée, plus de richesse dans l’exploration des idées et, en fin de compte, une plus grande liberté individuelle et collective.
Les systèmes éducatifs ont donc un rôle crucial à jouer. Au lieu de simplifier le langage et de réduire le niveau d’exigence, il serait plus judicieux de redoubler d’efforts pour enseigner la richesse et la complexité du français. Il faut encourager la lecture, l’écriture et la maîtrise de la grammaire et de la conjugaison, même si ça semble compliqué. C’est en surmontant ces difficultés qu’on forme des citoyens capables de pensée critique, ce qui est indispensable dans une société démocratique.
Ainsi, le débat ne devrait pas seulement se focaliser sur le déclin quantitatif du niveau de langue mais aussi sur les implications qualitatives de cette évolution. Il est impératif de se poser les bonnes questions et de mettre en place des mesures éducatives efficaces pour préserver la richesse et la complexité de notre patrimoine linguistique, qui sont des piliers de notre culture et de notre identité. La langue française est un atout que nous devons faire fructifier.