Comment doit-on écrire un scénario de bande dessinée ? Comment doit-on présenter un script BD ? Sous quel format ? Y a-t-il des règles pour rédiger un scénario de BD ? Eh bien, si vous me demandez, je dirai oui… et non.
Oui, il y a plein de règles, plein de méthodes… mais non parce qu’en réalité, il n’y a pas de méthode officielle. Il n’existe pas *la* méthode pour écrire un scénario de BD. Prenez dix scénaristes de BD, vous aurez dix façons d’écrire une BD.
Une bande dessinée n’est pas une série TV ou un film. On est tous allés au cinéma. On a tous regardé des séries à la télévision. Quand on se raconte des histoires, les images bougent. On entend la voix des personnages. On entend leurs pas sur le gravier. Mais une BD ne fonctionne pas comme une œuvre audiovisuelle. Le plus dur, par rapport à la TV, c’est de penser en cases *figées*. Une case, c’est une photo. C’est un premier plan, un arrière plan. Une action. Ce n’est pas une séquence. Une séquence, c’est plusieurs cases.
Le scénariste a le droit d’être ultra directif en précisant la taille et la position de chaque case, la manière dont elles s’enchaînent. Dont elles se superposent, même, pourquoi pas. Il peux aussi appliquer la méthode « 1 paragraphe = 1 case ». Et sauter une ligne entre chaque case.
Le plus important pour l’auteur de BD, c’est d’être capable de visualiser la « photo » de la scène à son niveau. Si le scénariste demande un truc que lui-même ne visualise pas, c’est sans doute que c’est impossible à dessiner en une seule case. Attention donc à la surcharge.
Concernant les détails, je suis d’avis d’en mettre le plus possible en précisant bien ce qui est indispensable et ce qui est facultatif. Parfois, selon ses choix artistiques, le dessinateur peut être forcé de trancher dans le vif et de faire passer quelques détails à la trappe. Le scénariste doit veiller à ce que les indices qu’il pose pour la suite de l’histoire restent bien « à l’écran » (genre, si je prévois de tuer quelqu’un avec un tisonnier, il faut que le tisonnier soit bien présent sur la scène « au coin du feu » que j’ai commandée en intro).
Pour les scènes d’action, on peut aussi s’en remettre au choix graphiques du dessinateur. Il saura très bien comment amener du dynamisme dans une action de bagarre, par exemple. Son découpage devra rendre compte de l’ambiance. Une écriture trop appuyée risque d’alourdir son propos. Il sera moins imaginatif dans ses plans s’il doit se plier à des demandes pas forcément utiles.
Bref : le scénariste doit juger de ce qui est capital dans sa planche et insister dessus. Ensuite, il doit proposer un maximum de pistes pour compléter son squelette. Enfin, il doit assurer le « contrôle qualité » en validant étape par étape la progression d’une planche : story-board, crayonné, encrage, lettrage, couleur.
L’avantage de faire le lettrage après les dessins, c’est que ça permet une sorte de post-production dans laquelle l’auteur peut modifier à volonté les dialogues de ses personnages, sans se soucier de la synchronisation du texte avec les mouvements de lèvres. Il faut tout de même veiller au positionnement et à l’encombrement des bulles mais ça laisse tout de même beaucoup de liberté et beaucoup de possibilités.