Eh oui, comme notre bien aimé président Chirac, les super-slips sont-ils victimes d’une espèce d’amnésie inconsciente ? En gros : à force de se faire taper dessus par les super-vilains, les Batman, Superman, Green Lantern et autres justiciers costumés ont-ils perdu la mémoire… sans même s’en rendre compte ?
Quand j’étais petit, et jusqu’à la fin des années 90, j’étais ce qu’on appelle un « Marvel Zombie ». En gros, j’aimais tellement les héros de cet univers fictif que j’achetais tout ce qui sortait en VF et une bonne partie de ce que je pouvais me permettre en VO. Mais un jour, lassé par les méthodes racoleuses de l’éditeur américain, j’ai jeté l’éponge. Trop de crossovers. Trop d’épisodes inutiles. Trop d’argent dépensé pour compléter ma collection au lieu d’acheter des livres pour le plaisir de les lire. « Onslaught », le grand événement de l’année 1996 a été la goutte de merde qui a fait déborder les chiottes.
Alors, j’ai continué à acheter du Marvel, des X-Men, et plein d’autres (et je ne parle pas de DC, là, c’est une autre histoire sur laquelle je reviendrai plus tard) mais le cœur n’y était plus. En tout cas, plus comme avant. L’arrivée de Joe Quesada au poste de co-rédacteur en chef (avec ce pitre de Bill Jemas) m’a fait croire à du mieux mais c’était une illusion.
Pire : le nouveau Marvel allait cracher sur ce qui avait fait tout son charme jusqu’alors : sa sacro-sainte continuité. Son histoire. Alors qu’autre fois, chaque épisode comptait, chaque épisode avait une signification, chaque épisode était une pierre dans l’immense maison que Stan et Jack avaient bâtie, désormais, chaque épisode était une pierre qu’on jetait dans l’eau. Il fallait faire beaucoup de vague mais une fois que le caillou avait coulé, on pouvait passer à autre chose.
Du coup, c’est ce que j’ai fait : je suis passé à autre chose. À l’ennemi, en l’occurrence, puisque l’ai réinvesti mon budget Marvel dans les séries DC. J’en lisais bien quand j’étais plus jeune, bien sûr (notamment les Jeunes Titans) mais après Crisis dans Super Star Comics (la revue Arédit), il n’y avait pas eu beaucoup de séries à se mettre sous la dent en VF.
DC, suite à « l’Heure Zéro », consolidait sa propre nouvelle continuité. Je me disais que ça allait durer. Mais en fait, non, ça ne peut pas durer. Parce que toutes ces histoires sont vouées à se répéter. Ça fait partie des règles du jeu. Tout comme à la fin d’une partie, on ramasse les cartes et on procède à une nouvelle donne, c’est pareil dans les comics. On ramasse les personnages et on redistribue.
Voilà, dans l’univers DC relancé tout récemment, les super-héros sont « nouveaux » pour les habitants humains. Et Batman n’a jamais rencontré Superman (j’y crois). Pour autant, maintenant que j’ai pris de la bouteille, j’accepte ces révolutions de palais. Et je m’en réjouis, même. Car finalement, même si les personnages ont oublié qu’ils se sont rencontrés des centaines de fois, ils n’ont pas effacé ces histoires qui m’ont fait rêver auparavant. Et moi, je ne souffre pas d’anosognosie.
Alzheimer ou pas, mes comics sont toujours sur mes étagères. Et je peux les relire quand je veux ! Si les scénaristes (ou les costards cravates) de DC veulent raconter à nouveau la première rencontre du slip rouge (enfin, non… mais je me comprends) avec l’homme chauve-souris, grand bien leur fasse. Tout ce que je demande, c’est qu’ils le fassent bien.