Après la conclusion programmée d’Invincible et la fin inattendue de Walking Dead, deux de mes séries de comics préférées, je me trouvais en manque. Heureusement, Robert Kirkman revient en force avec un projet flamboyant : Fire Power ! Ce comic book de genre (après les zombies, la science-fiction ou les super-héros) est consacré aux arts martiaux. Le scénariste originaire du Kentucky s’allie ici avec un dessinateur chevronné : Chris Samnee, dont le passage aux crayons sur Daredevil avait été salué par la critique. Les couleurs sont réalisées par le talentueux Matt Wilson qui illumine les planches de sa palette légère et lumineuse. Quant à moi, j’ai eu l’insigne honneur de signer l’adaptation française de ce comic book pour les éditions Delcourt !
Ce premier tome VF est en fait le numéro zéro de la série aux États-Unis. Un épisode « spécial origines » en quelque sorte, dans lequel on retrouve tous les poncifs du genre kung-fu : un vieux maître dans un lieu reculé et difficile d’accès, façon Tortue Géniale ou L’Ancien dans Dr Strange, un enfant aux parents mystérieux, ou le bizutage du nouvel apprenti.
Fire Power : une quête initiatique
L’humour est permanent dans Fire Power, notamment grâce à ce vieux maître qui se moque du héros en jouant sur sa crédulité. Si le synopsis ne brille pas par son originalité, la narration de ce premier tome est particulièrement réussie. La scène d’ouverture silencieuse, avec ses onze pages muettes, est tout simplement majestueuse. Pas de blabla inutile avec un auteur qui tire à la ligne pour justifier sa paye. Imaginez-vous à la place du protagoniste en train de gravir une montagne dans l’Himalaya : le seul bruit que vous entendez, c’est le crissement de la neige et le bruit étouffé de vos pas. Pour autant, cette scène d’introduction est loin de ne rien dire. Les thématiques de la série sont abordées, notamment lorsque Owen Johnson bivouaque et se réchauffe les mains grâce au feu de son campement. Ou quand il regarde la vieille photo pliée en deux de ses parents disparus. Le feu et ce secret de famille seront deux éléments centraux de la série Fire Power, tout comme l’odyssée solitaire de son protagoniste : seul contre tous et contre les éléments, c’est sa force de la volonté qui le fait avancer. Son espoir ne tient qu’à un fil, et il est matérialisé par le papillon qui le mène jusqu’au temple du Poing Ardent, caché dans la montagne.
Là, notre héros tombe nez à nez avec le maître Wei Lun, casquette vissée sur la tête, casque de walkman autour du cou. Enfin, c’est l’heure de la première bagarre : le défi du maître avant d’accepter un nouveau disciple. On y est : kung fu ! Comme annoncé, le personnage du vieux sage est très drôle. Il abuse du comique de répétition en plein combat. « Tu utilises l’attaque du scorpion gémissant ? C’est moi qui l’ai enseignée à maître Chan ! Le balayage du serpent lucide ? C’est moi qui l’ai montrée à maître Ping ! »
On a droit à la visite du temple. On découvre la légende de son fondateur, maître Shaw, emprisonné dans une statue qu’on imagine facilement s’animer un jour. On entend parler d’un dragon…
Les personnages de Fire Power
Ils y sont tous : le héros, son intérêt romantique, son rival, son mentor, son antagoniste. Toutes les cases principales d’une bonne distribution dans un récit de quête initiatique sont cochées. Owen Johnson est le héros, le protagoniste principal de l’action : Américain, tenace, c’est le Luke Skywalker de cette histoire d’arts martiaux. Maître Wei Lun est son mentor.
C’est lui qui accueille Owen et qui le juge digne de suivre ses enseignements au sein du temple du Poing Ardent. Le vieux sage s’entraîne toutes les nuits pour parvenir à lancer des boules de feu comme le fondateur du temple. Et bien entendu, notre héros se joint à lui pour ces séances d’exercices nocturnes. Le message de Maître Wei Lun est clair : quel que soit son âge, on n’arrête jamais de progresser. Comme il le dit à Owen Johnson, « ne mets pas fin à ton voyage avant de savoir quelle destination tu pourrais atteindre ».
Ling Zan est l’intérêt romantique du protagoniste. Lorsqu’il vient d’arriver et qu’il peine à préparer son riz vapeur, elle lui montre comment faire, ce qui déclenche immédiatement le courroux de Ma Guang, futur rival du héros, et grosse brute typique de ce genre de récit. Ce dernier s’en prend à Owen de façon déloyale après un entraînement, ce qui provoque la découverte des origines du héros… et sa mise au ban de la société.
Attention : ne lisez pas ce paragraphe si vous ne voulez pas savoir comment se termine ce tome d’introduction à Fire Power ! Malgré tout, vous vous en doutez, le rival et le protagoniste finiront par s’allier après avoir essuyé une punition collective, puis participé à un sport tout aussi collectif (ici, un match de basket « amélioré ») avant de lutter ensemble contre le véritable antagoniste de l’histoire : Chen Zul du clan de la Terre Brûlée. En l’affrontant, Owen révèle qu’il est l’élu en lançant un hadoken digne de Ryu de Street Fighter.
Un épilogue qui survient quinze ans plus tard nous apprend qu’Owen a refait sa vie aux États-Unis. Son instinct lui fait ressentir qu’il est espionné : bientôt l’appel de l’aventure ?
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