Dans Alan Moore’s Writing for Comics, le scénariste britannique souligne l’importance des transitions entre les scènes.
Selon Moore, les transitions sont les maillons faibles de la chaîne narrative. Il faut veiller à ne pas faire sortir un lecteur de sa lecture lors d’une transition. Pour cela, plusieurs dispositifs pour adoucir les transitions sont à la disposition de l’auteur.
Visuellement, un auteur de BD peut passer d’une case à une autre case qui lui ressemble. Ou passer d’une ambiance (couleur) à une ambiance similaire (couleur similaire).
Textuellement, il peut continuer le dialogue d’un personnage : par le texte d’un autre personnage (coïncidence) ou même par le texte d’un élément de décor (affiche, journal, etc.).
Par le rythme : en maintenant un rythme équivalent. Par exemple, 1 scène = 1 planche BD.
On peut aussi faire d’une transition un moment fort : un choc qui nous propulse dans la scène suivante.
Moore utilise beaucoup le principe de la mise en abîme. De l’image dans l’image. La photo des Minutemen, les super-héros de la génération qui a précédé les « Watchmen » actuels, s’anime pour devenir un flashback mettant en scène ces cieux héros.
C’est un stratagème astucieux emprunté à Citizen Kane qui fonctionne très bien en BD, même si l’animation elle-même n’a lieu que dans la tête du lecteur (comme toutes les transitions, en somme).