Arnault TAURISSON a créé les éditions BAC@BD dpuis bientôt 2 ans avec un associé. Avec le studio MAKMA, nous sommes en train de travailler sur plusieurs bandes dessinées à paraître chez eux. Les premiers albums du nouvel éditeur sont dans les librairies depuis mars 2010. Leur dernière parution fait partie de la collection « Ciboulot ». Elle s’intitule « La recherche d’emploi – guide de survie d’un demandeur d’emploi ».
Salut Arnault. Tu es le patron de la jeune maison d’édition Bac@BD. Peux-tu nous expliquer d’où vient le nom de ta société ?
Bonjour, alors en fait nous sommes deux aux commandes de notre petite maison d’édition : moi et Stéphane Fleury. Le nom « Bac@BD » est venu assez naturellement car dans les librairies que je fréquente, j’adore aller fouiller dans les bacs, dans les fonds, où l’on met souvent les vieux trucs invendus ou les occases. D’où l’idée BAC à BD ; le @ est lié à notre passé dans le milieu de l’Internet en tant que développeurs et chefs de projets. Et au final, on trouve que BAC@BD (lire BAC à BD donc), ça sonne assez bien.
Quel est ton plan pour éviter de t’y retrouver, dans ces bacs à BD ? En quoi ta ligne éditoriale va faire mouche auprès du lectorat ?
Pour être sincère, je ne sais pas si ma ligne éditoriale fera mouche car je ne pense pas que l’on puisse planifier le succès d’un tome 1. Je peux par contre parler de ce qui nous intéresse et des défis que nous avons et allons relever. Nous avons deux approches différentes.
La première, assez simple par définition, consiste à donner leur chance à de jeunes débutants, tout simplement, afin d’être un découvreur de talents (d’où le nom de la collection qui lui est réservée : « Ôtalents ») ; c’est pour nous une façon de rester ouverts aux idées et visions de notre société en constante évolution.
Ensuite, nous souhaitons redonner du sens à la bande dessinée, et nous l’approprier afin de communiquer aux lecteurs des idées et des informations qui les aideront à mieux comprendre le monde qui les entoure. Notre ambition est plus grande et clairement plus militante dans un sens car nous souhaitons développer les réflexions et les polémiques. Loin de prendre parti politiquement parlant, nous préférons, au travers par exemple la collection « Et demain… » (… la mort, … le sexe, etc.) et ses recueils de nouvelles, aborder le futur proche de nos sociétés, 50 ans dans l’avenir. Mais dans notre seconde collection, « Ciboulot », nous avons préférer user d’albums humoristique fonctionnant sur le principe du gag à la page, afin d’établir à travers chaque album un état des lieux de sujets de société propre à la société française, comme « Le pouvoir d’achat », « La recherche d’emploi » ou « les SDF ». C’est très ambitieux dans ce dernier cas car certains semblent penser que personne n’est intéressé par ces sujets graves.
Nous, nous faisons le pari de l’intelligence, et nous espérons justement attirer un public qui n’aurait peut-être pas eu l’envie d’ouvrir justement un journal de presse générale à l’approche parfois un peu hermétique ou de regarder une émission télévisée souvent tardive et déprimante, afin de s’informer sur des sujets de société.
L’humour, sans qu’il soit pour autant toujours noir, peut permettre d’avoir une approche plus facile de sujets assez répulsifs de nature. Nous verrons si ça fonctionne, et sinon eh bien, rendez- vous, au fond du magasin dans le dernier bac à droite ; dans tous les cas c’est le lecteur qui choisira.
Avant de laisser choisir le lecteur, c’est toi qui tranches, en tant qu’éditeur. Quels sont tes critères pour accepter ou refuser de publier un projet BD ?
En fait, vu notre petite taille, et le fait que nos moyens limités nous obligent à ne sortir qu’un nombre limité d’ouvrages par an, nous nous devons de croire à fond dans les chances de réussite du projet que nous choisirons.
Il faut que nous soyons convaincus ! Donc le projet doit avoir quelque chose de spécial avant tout ! J’ai pour ma part une vision à la fois artistique et commerciale (bien obligé car sans ventes pas de suites). Donc il faut que l’histoire, le sujet, la démarche me touche, que ce soit par son originalité visuelle ou scénaristique, les deux étant l’idéal.
Nous n’avons a priori pas de critères esthétiques arrêtés et restons de nature plutôt ouverts, mais je dois tout de même dire que pour ma part, je ne suis pas fan des dessins torturés (ou tortueux) souvent utilisé dans les milieux « underground », même si ces derniers accompagnent souvent des sujets intéressants.
Ensuite, eh bien, je regarde si, commercialement, ça a des chances de trouver un public assez large. Et je dois parfois avouer à mon grand regret que certains projets sont vraiment bien mais trop particuliers pour permettre d’entrevoir un relatif succès public. Or étant de tous jeunes éditeurs, nous devons faire particulièrement attention à ça si nous voulons perdurer dans le temps. « Choisir, c’est renoncer ».
Belle formule. Un dernier mot pour conclure ?
Eh bien, j’espère que les lecteurs prendront plaisir à lire les albums que nous leurs proposerons. Et que donc, pour prendre du plaisir il faut acheter nos albums, hé hé !!
Merci !