Selon Vladimir Propp, la structure d’un conte de fée se divise en plusieurs partie : la partie préparatoire (facultative, puisque certains contes s’en dispensent), le moment où l’intrigue se noue… et – justement – le dénouement !
La préparation, c’est la mise en place des éléments constitutifs du conte. Tout d’abord, un des membres de la famille s’éloigne de la maison. Il peut y avoir plusieurs raisons à ce départ : pour travailler (dans la forêt si c’est un bûcheron, par exemple), pour faire du commerce, pour aller faire la guerre, pour gérer ses affaires… La mort des parents est aussi une forme renforcée de l’éloignement si les héros sont des enfants. D’ailleurs, ces derniers peuvent aussi partir faire une visite, aller à la pêche, se promener ou chercher des fraises.
Puis le héros se fait signifier une interdiction. « Tu ne dois pas regarder ce qu’il y a dans ce cabinet ! Ne sors pas de la maison ! Si Baba Yaga vient, ne dis rien ! Tu es trop jeune pour faire ça ! » Notons aussi la forme inversée de l’interdiction : l’ordre. « Emmène ton jeune frère dans la forêt ! Apporte le déjeuner dans les champs ! »
L’interdiction est transgressée. Les formes de la transgression correspondent aux formes de l’interdiction. L’ordre exécuté correspond à l’interdiction transgressée.
On assiste à l’entrée d’un nouveau personnage : l’agresseur du héros. Oui, c’est lui, le méchant. Il vient troubler la paix et provoquer un malheur. Il vient faire du mal.
L’agresseur essaie d’obtenir des renseignements. L’interrogation a pour but la découverte du lieu où résident les enfants, du lieu où se trouvent des objets précieux. On peut aussi inverser l’interrogation : c’est alors la victime qui pose des questions à l’agresseur (éventuellement par personnes interposées).
L’agresseur reçoit des informations sur sa victime. Il reçoit la réponse à sa question. L’interrogation inversée appelle la réponse correspondante.
L’agresseur tente de tromper sa victime pour s’emparer d’elle ou de ses biens. L’agresseur prend d’abord un autre aspect (déguisement). L’agresseur agit par la persuasion. Il utilise des moyens magiques : galettes empoisonnées, épingle magique piquée dans les vêtements, pièges…
La victime se laisse tromper et aide ainsi son ennemi malgré elle. Le héros se laisse convaincre par son agresseur : il accepte l’anneau, il va prendre un bain de vapeur… Si les interdictions sont toujours transgressées, les propositions trompeuses sont toujours acceptées et exécutées. Le héros réagit mécaniquement à l’utilisation des moyens magiques : il se blesse, il s’endort. Le héros peut aussi s’endormir spontanément, facilitant la tâche de l’agresseur. Il peut se résoudre à un pacte trompeur, acceptant l’aide de l’agresseur car il n’a pas d’autre solution. L’agresseur a pu créer cette situation difficile à dessein, via un méfait préalable.
(à suivre)