Dans ses histoires de super-héros, Stan the Man introduit des éléments de romance dans ses histoires, notamment entre Sub-Mariner et Invisible Girl. Il s’adresse même parfois directement au lecteur, brisant ainsi le « quatrième mur » ! Par son innovation et sa capacité à tirer le meilleur des meilleurs, Stan Lee deviendra l’un des éditeurs les plus efficaces de tous les temps. Il imprimera un style maison qui perdurera bien longtemps après son départ. Avec lui, même des seconds couteaux comme Don Heck parviennent à approcher la touche Kirby qui fait mouche auprès du public.
Dans les années 70, Stan lance des comics de niche, ciblant tour à tour diverses minorités ethniques comme avec Red Wolf, surfant sur la vague de la blaxploitation avec Jungle Action (Black Panther) ou Luke Cage, Hero for Hire, rendant hommage à Bruce Lee avec Iron Fist ou Master of Kung Fu, et célébrant les héroïnes avec The Cat, Night Nurse ou Shanna the She-Devil. Il perçoit aussi l’opportunité de développer une ligne de magazines en dehors des limites du Comics Code Authority, plus matures et plus violents : Savage Sword of Conan, Dracula Lives! Enfin, il ratisse large en lançant « Comix Book » avec Denis Kitchen, qui sera à la BD underground ce que le Canada Dry fut au whisky.
En 1971, Stan Lee frappe un grand coup avec les épisodes « anti-drogue » Amazing Spider-Man #96-98. Bravant l’interdiction décrétée par le code de passer sous silence toute référence à l’enfer de la drogue, Marvel publiera ces trois épisodes sans le précieux timbre. Et les bouquins sortiront bien. Comme une lettre à la poste ! Avec cette partie de bras de fer, l’ami Stan aura plus ou moins mis le Comics Code Authority devant le fait accompli, l’obligeant ainsi à revoir sa politique et à modifier certaines règles. Ces changements sont justement à l’origine du lancement d’une ligne de comics d’horreur avec des titres légendaires comme Dracula (avec un certain vampire diurnambule au sein du supporting cast), Man-Thing, Werewolf by Night et Ghost Rider (le Motard Fantôme en VF, enfin, dans les bonnes VF).
Après avoir quitté le poste de rédac chef de Marvel, Stan Lee consacrera sa vie à promouvoir les super-héros de la firme qu’il aura contribué à mettre en orbite avec ses compères Kirby, Ditko, Buscema ou Romita. C’est ainsi qu’il deviendra notamment conférencier sur les campus universitaire pour mettre Marvel en avant… et se faire sa propre réputation, entretenir sa légende.
En perdant plus ou moins le contact avec la base de ceux qui produisent effectivement les histoires de ces super-héros, Stan Lee finit par acquérir une mauvaise réputation auprès des artistes. Depuis la fin des années 70, ces derniers trouvent qu’il tire un peu trop la couverture à lui. De fait, il représente même un peu le côté « corporate » de Marvel. Des années plus tard, en 1994, Stan Lee assistera à l’enterrement de Jack Kirby. Il s’éclipsera dès la fin du service, pensant (à tort) que Roz Kirby (la veuve du King) lui en voulait.
Stan the Man
Si Stanley Martin Lieber a inventé des origines pour des centaines de super-héros, il a surtout « inventé » l’origine de Stan Lee en améliorant la réalité, grâce à son super-pouvoir : un prétendu terrible manque de mémoire. Dans le rôle de Stan « the Man » Lee, on retrouve un homme qui garde toujours le sourire et affiche une bonne humeur permanente. C’est une véritable icône de la pop culture, quasi-synonyme de « créateur des super-héros » dans l’esprit du grand public. En vérité, Stan Lee, c’est 50% Barnum, 50% Disney, 100% baratineur ! Il en rajoute toujours pour réarranger la réalité à son avantage… ou pour raconter une meilleure histoire.
Stan Lee a toujours rêvé de devenir auteur ailleurs que dans les Marvel comics. Il voulait garder son vrai nom (Stanley Lieber) pour sa future « vraie » carrière d’auteur. Pourtant, en tant qu’écrivain, il n’a publié que ses « mémoires » sur les origines des super-héros Marvel (best-sellers internationaux). Sa carrière à Hollywood reste un échec. Il n’a jamais rien vendu qui ait réussi au cinéma. Quelques succès télévisés : Hulk avec Lou Ferrigno, et les dessins animés des Quatre Fantastiques et de l’Araignée. En 1975, il a essayé de vendre une série à Playboy (dessinée par John Romita). Sans succès. Au milieu des 80s, avec l’avènement des comics « grim ‘n’ gritty », Stan Lee est devenu obsolète en tant que scénariste de comics.
Après Marvel (en vrac) Il a lancé Stan Lee Media avant la bulle internet qui a compté jusqu’à 300 millions de dollars de capitalisation avant d’exploser au début des années 2000. Il a même essayé de racheter Marvel en s’associant avec Michael Jackson ! Récemment, il a rebondi avec POW, qui développe notamment le personnage de Stripperella, calqué sur Pamela Anderson. Saluons également le comic book Alexa dessiné par Chris Malgrain. Aujourd’hui, Stan Lee n’a toujours pas officiellement pris sa retraite. C’est le genre de gars qui bossera encore sur son lit de mort. Mais d’après ce que j’en sais, il est loin d’être couché !
Pour lire le début de cet article sur Stan Lee, clique ici, true believer !