Récemment, j’ai lu une biographie de Stan Lee vraiment passionnante : « Stan Lee and the Rise and Fall of the American Comic Book », par Jordan Raphael et Tom Spurgeon. C’est un achat que je recommande chaudement.
Cet ouvrage n’est ni un condensé de langue de bois et de communiqués de presse, ni un pamphlet à la gloire de Kirby et Ditko ou de tout autre artiste injustement bafoué par le m’as-tu-vu de Marvel. C’est tout simplement une analyse raisonnable de la vie de celui qui fut très certainement le plus grand rédacteur en chef de toute l’histoire des comics américains. Celui qui a obtenu les plus grands succès, en tout cas.
Il y a eu un avant et un après « Fantastic Four #1 »
Issu d’un milieu relativement défavorisé, le jeune Stanley Martin Lieber n’a que peu de moyens. Il s’évade en lisant des pulps. Il apprécie notamment des écrivains tels que Sir Arthur Conan Doyle, Egar R. Burroughs ou encore Mark Twain. Dès qu’il a 25 cents de côté, il en profite pour aller au cinéma voir ses vedettes préférées : Errol Flynn et Roy Rogers. Il lit aussi Shakespeare car il apprécie le rythme des mots. Il s’en souviendra d’ailleurs plus tard lorsqu’il empruntera ce style pour faire parler Thor ou le Surfeur d’Argent. En attendant, Stanley Lieber est élève dans un lycée du Bronx, le même qu’ont fréquenté Bob Kane ou Bill Finger, illustres créateurs de Batman et du Joker, quelques années auparavant.
Après ses études, ses parents n’ont pas les moyens de l’inscrire à l’université. Il va devoir gagner sa vie comme un homme. Il débute chez Timely Comics fin 1940 comme assistant de Joe Simon & Jack Kirby (co-créateurs de Captain America). Il a alors 17 ans et c’est son oncle maternel qui lui a conseillé de postuler auprès de son propre beau-frère Martin Goodman, éditeur. Stan est donc un cousin par alliance du patron, même s’il n’a que peu de rapports avec lui (professionnellement ou personnellement). C’est peut-être ce qui le sauvera après la faillite du distributeur de la boîte, tandis que tous ses collègues de la branche comics seront licenciés.
Mais à y regarder de plus près, c’est à croire que Goodman voulait dégoûter Stanley des comics. En effet, il l’envoie virer les employés sans pitié, pour leur apprendre à avoir stocké des planches et des planches d’avance, presque de quoi tenir un an sans faire appel à un desinateur ! Après l’effondrement de leur structure, le concurrent DC Comics accepte de distribuer les comics de Goodman, pourvu que ce dernier ne publie pas plus de huit titres par mois. Un accord est conclu.
Selon la légende, c’est en jouant au golf avec Jack Liebowitz (DC) que Martin Goodman entend parler du succès de la Justice League of America. Grand suiveur de modes, il demande aussitôt à Stan Lee de créer une équipe de super-héros. Fantastic Four #1 sera le véritable acte de naissance du Stan Lee de la légende !
Stan Lee a 38 ans lorsqu’il écrit le premier épisode des Quatre Fantastiques. Et ce faisant, il réinvente les super-héros grâce à son grand principe des héros aux pieds d’argile. Marvel est né. Très vite, croulant sous le poids des séries dont il est à la fois l’éditeur et le scénariste, Stan Lee invente le script « Marvel Way ». Le scénariste indique une trame plus ou moins vague à l’artiste qui se débrouille pour pondre ses planches en fonction. Lee revient à la fin pour coller les bulles dans la bouche des personnages et rajouter des textes dans des cadres. Stan Lee est donc le co-créateur de héros légendaires : Spider-Man, Fantastic Four, X-Men, Daredevil, Hulk.
À suivre ici : excelsior !!