Art Spiegelman : au-delà de Maus et dans les profondeurs de l’art, ce fils de juifs polonais ayant émigré aux États-Unis, est bien plus qu’un simple illustrateur. Il est une force créative qui a su capturer l’essence de l’expérience humaine à travers ses œuvres. Bien que largement reconnu pour Maus, son récit allégorique sur la Shoah, Spiegelman a toujours cherché à explorer au-delà des frontières conventionnelles de la bande dessinée.
Son dernier ouvrage, Breakdowns, est une plongée dans ses dessins de jeunesse, mêlant introspection et exploration artistique. Publié en France, ce livre est une invitation à comprendre l’homme derrière l’artiste. Spiegelman, avec sa passion contagieuse, peut vous tenir en haleine pendant des heures, discutant de ses œuvres avec une profondeur et une sincérité rares. Breakdowns est une œuvre audacieuse, reflétant une époque où Spiegelman se plongeait dans les revues underground, cherchant à repousser les limites des comics. Il s’interroge sur la nature de l’art, la mémoire et la perception, affirmant que la bande dessinée est davantage une affaire de pensée qu’une simple encre sur papier. Le journal Le Monde a rencontré l’auteur underground pour lui poser quelques questions.
Spiegelman, dans son atelier de Manhattan, évoque les défis culturels auxquels il a été confronté. Il critique le puritanisme américain, en particulier l’interdiction de fumer, et se souvient des controverses entourant son livre pour enfants des années 1970, Prince Rooster, qui a été critiqué pour sa représentation d’un personnage nu. L’illustrateur ne craint pas de toucher à des sujets sensibles. Dans Breakdowns, il aborde l’érotisme, rappelant les bandes dessinées que son père lui ramenait enfant. Pour lui, l’érotisme est une réflexion sur le rôle du dessinateur et la perception du lecteur.
Mais au-delà de ses œuvres, Spiegelman est un homme profondément marqué par son histoire familiale. La mention de sa mère, survivante d’Auschwitz, qui s’est suicidée en 1968, est poignante. Tout comme son père, elle reste une présence constante dans son travail. Spiegelman est également franc sur ses opinions politiques, notamment sur Israël et la représentation de la Shoah. Il se décrit comme a-sioniste et critique la vision israélienne de l’Holocauste.
Actuellement, Spiegelman travaille sur deux projets : un livre pour enfants et des vitraux pour une école d’art à New York. Pour lui, être artiste, c’est donner forme à ses pensées, ses connaissances et ses sentiments. Une mission qu’il remplit avec brio.